ABSTRACT
Introduction : l'hypertension artérielle(HTA), première cause de morbi-mortalité dans le monde, est codée selon la classification internationale des maladies (CIM) par trois caractères « I10 ». Son état précurseur qui est la préhypertension (PHTA), a une prévalence mondiale d'environs 30%, et est associée à un risque cardiovasculaire (RCV) élevé . Néanmoins, son épidémiologie n'est pas encore étudiée dans notre pays. L'objectif de notre travail était de déterminer la prévalence et les facteurs déterminants de la PHTA chez les consultants en médecine générale à l'EPSP de Bouzareah, ainsi que le profil métabolique et vasculaire des patients recrutés. Patients et méthodes : Une étude descriptive de type transversal a été menée sur un échantillon de 1086 adultes âgés de 18ans et plus, non connus hypertendus, consultants les médecins généralistes de l'EPSP de Bouzareah. Ils ont bénéficié d'un dépistage de la PHTA (définie par le JNCVII comme une pression systolique entre 120-139mmhg et une pression diastolique entre 80-89 mmhg) et de l'HTA(une pression systolique â¥140 mmhg et une pression diastolique â¥90 mmhg). Les facteurs de RCV associés ont été recueillis par un questionnaire lors de la consultation. La taille, le poids et le périmètre abdominal ont été mesurés, tandis que la pression artérielle est mesurée à deux reprises avec prise en compte de la moyenne des deux. Tous les patients inclus dans l'étude ont bénéficié dans un deuxième temps d'un bilan biologique(un lipidogramme, une fonction rénale, un calcul du ratio albuminurie/créatinine, une épreuve d'hyperglycémie provoquée par voie orale), un monitoring ambulatoire de la pression artérielle et la recherche des marqueurs de risque vasculaire à savoir la vitesse de l'onde de pouls (VOP), l'épaisseur intima media carotidienne(EIM) et l'index de pression systolique à la cheville (IPS). Résultats : Nous avons identifié 399 individus en PHTA (36,7%) et 172 nouveaux hypertendus (15,8%). La prévalence de la PHTA était plus importante chez les hommes que chez les femmes(49,7 vs 31,5% ; p<10-3) ; elle était aussi plus importante dans les classes d'âge inferieures à 60ans. Les préhypertendus avaient un sex-ratio de 0,64 et un âge moyen de 42,3±13,9 ans. Les facteurs de RCV les plus prévalents chez les préhypertendus étaient la sédentarité (47,4 %), le surpoids (35.8%) et l'obésité (31,8), suivis par le tabac (19,3%), la dyslipidémie (17,3%) et le diabète (13%). Selon l'ATPIII, 6,4% des hommes et 39,1% des femmes avaient un périmètre abdominal élevé, ces chiffres augmentaient à 24,4% et 67% respectivement selon l'IDF. Ce paramètre était nettement plus important que celui mesuré chez les normotendus (85,10±10,58 cm vs 77,8±10,463cm ; p<10-6), et il en était de même pour l'indice de masse corporelle (IMC) (27,7±5,39 vs 25,5±5,249 kg/m2; p<10-6). Le score de Framingham était estimé en moyenne à 6,08±5,54, et élevé chez 16,4% des patients. Selon l'ATPIII, 25% des préhypertendus présentaient un syndrome métabolique ; cette proportion passait à 36,3% selon l'IDF. L'analyse de régression logistique a démontré que le sexe masculin, l'âge en progression, l'IMC et le périmètre abdominal étaient les principaux facteurs déterminants de la PHTA dans notre population. Nous avons par ailleurs diagnostiqué 13 nouveaux diabétiques, 52 pré diabétiques et 143 patients avec une HTA masquée. Pour les marqueurs de RCV, la VOP était élevée dans 60,5 % des cas, l'EIM dans 9,6 % des cas et l'IPS était bas chez 7,5 % des cas. A noter que 90 préhypertendus (32,1%) étaient en insuffisance rénale chronique Conclusion : Notre étude a réussi à démontrer que la PHTA, entité méconnue dans notre pays, est fréquente et grave, justifiant une surveillance systématique de la tension artérielle et une évaluation du RCV, surtout chez les sujets en surcharge pondérale. Le rôle important de la perte du poids dans la prise en charge de la PHTA nous parait plus que jamais essentiel, ainsi que le contrôle des autres